L’éclat d’espérance

Gérard Naslin, prêtre du diocèse de Nantes, propose quelques bonnes nouvelles auxquelles il donne le nom d' »éclats d’espérance ». A travers l’actualité du monde et de l’Église, grâce à des témoignages lus ou entendus venant de croyants ou de non-croyants, il glane ces « éclats » devenus pour lui autant d’étincelles de la Bonne Nouvelle. Pour lui , Dieu espère en l’homme. (Les librairies.fr)


Avons-nous gardé le sens du cadeau ?

La richesse des relations ne s’acquiert pas dans l’économie de calcul, mais dans l’économie du don.
Dans cette économie, des biens s’échangent et de l’argent circule, mais dans une logique de dépense pour l’autre et de partage avec lui. L’effet immédiat du don est de créer la relation, de l’entretenir ou, en tout cas, de l’offrir en la soumettant à une libre réponse.

L’exemple du cadeau, est à cet égard significatif. Lorsque je fais un cadeau à quelqu’un, je lui offre non pas d’abord un objet, mais une relation d’amour ou d’amitié. Aussi le cadeau pourra-t-il être de grand prix ou, au contraire, de peu de valeur, pour signifier précisément que c’est la relation que l’on cherche et que cette relation est précieuse, hors de prix, « par-dessus le marché ». D’ailleurs, remarquons-le, lorsqu’on offre un cadeau, on veille spontanément à en effacer le prix. L’objet offert devient alors signe de la relation. On s’y attache, on l’apprécie, non pas d’abord pour sa valeur d’objet, mais pour la relation qu’il signifie. Et cette relation est gratifiante, parce qu’elle est empreinte de gratuité et de liberté. Le dialogue habituel à l’occasion d’un cadeau est, à cet égard bien intéressant. « Il ne fallait pas ! », s’exclame le bénéficiaire du cadeau. « Mais ce n’est rien », répond le premier. Ainsi le cadeau est-il symbolique d’une relation qui n’oblige pas, qui ne pèse pas, qui ne demande pas que l’autre rende tout de suite ou l’équivalent. Ainsi le cadeau lie-t-il, mais sans enchaîner : l’autre pourra répondre s’il le veut, quand il voudra et comme il voudra.

Dans cette économie du don, dont le cadeau est un exemple, les partenaires trouvent bien entendu leur « compte ». Ils y trouvent un « bénéfice » mais d’un autre ordre que financier. Ce qu’ils « gagnent », c’est la reconnaissance mutuelle. Ils peuvent « compter » l’un sur l’autre en « payant » chacun de leur personne. Ils se perçoivent alors, en quelque sorte, en dette mutuelle permanente ; une dette qu’ils ne veulent, ni ne peuvent éponger. Dans cette optique, l’amour ou l’amitié peuvent être décrits comme une situation où les partenaires disent ensemble et simultanément : « Il m’a tant donné que je ne pourrai jamais lui rendre assez ». Cette relation est libre car elle offre une reconnaissance inconditionnelle en dehors de tout calcul d’équivalence. Au contraire, lorsque les partenaires en viennent à calculer les services rendus et à mesurer leurs mérites respectifs, c’est que l’amour est mort et que la logique marchande a repris le dessus.

Extrait de « Une nouvelle fois » de André Fossion pages 133-135


éclat d’espérance de Gérard Naslin