L’éclat d’espérance

Gérard Naslin, prêtre du diocèse de Nantes, propose quelques bonnes nouvelles auxquelles il donne le nom d' »éclats d’espérance ». A travers l’actualité du monde et de l’Église, grâce à des témoignages lus ou entendus venant de croyants ou de non-croyants, il glane ces « éclats » devenus pour lui autant d’étincelles de la Bonne Nouvelle. Pour lui , Dieu espère en l’homme. (Les librairies.fr)


Ajouter de la vie aux jours.


Après avoir perdu ses deux petites filles d’une maladie incurable, Anne Dauphine JULLIAND a dû
affronter le suicide de son fils aîné, Gaspard. Dans son dernier livre « Ajouter de la vie aux jours », elle raconte son acceptation de l’incompréhensible et le rôle de sa foi.
« Quand on me pose la question : comment vous sentez-vous aujourd’hui ?, Je me cale sur l’instant
présent. Lui seul est à ma portée. Aller bien signifie que je suis capable de vivre ce que je ressens. Dans ces moments-là, je peux dire que j’éprouve une certaine paix. Être triste ne signifie pas aller mal : je peux
me sentir bien et éprouver de la tristesse en même temps…
Ma foi a gagné en profondeur et en intimité, parce que la souffrance nous invite à aller plus intensément
en nous. On me demande souvent si la foi agit comme une béquille. Mais elle n’est pas une aide dont on
aurait besoin un certain moment ! Avoir la foi ne facilite pas le chemin. Parfois, je m’arrête et je n’avance plus. Mais je me sens enveloppée d’un manteau de tendresse, de douceur, d’amour et de confiance. Dieu ne me dit pas : « tout ira bien », mais qu’il est là, que j’ai ma place dans ce monde, et ma souffrance aussi….
Ma confiance en la vie s’est effondrée. Elle revient petit à petit et elle me semble même plus importante
que celle d’avant. Traverser une épreuve ne vous ramène pas exactement au même endroit sur le chemin.
J’ai davantage confiance en moi. Désormais, je sais que l’épreuve est possibles, mais que je suis capable
de puiser en moi des ressources qui m’aideront.
La confiance revient quand on parvient à chasser la peur. Sa pire ennemie n’est pas la souffrance en elle-
même. C’est la peur qui vient s’y nicher. La peur de ne pas y arriver, que ça recommence, de se retrouver
tout seul, que notre couple explose… j’ai réalisé qu’au moment où on m’annonçait la mort de mon fils,
mon cœur battait, alors même que je me sentais comme morte. Mais si mon cœur bat, je ne meurs pas.
Quelque chose comme un consentement à vivre est présent au centre de ce moment-là, même si on est
envahi par la souffrance. Cette dimension du consentement est très importante pour moi. Il est lié à la
confiance.
Finalement, le plus difficile n’est pas d’être triste, mais d’arriver à retrouver des moments de joie. La
peine s’impose. Mais il faut déployer beaucoup d’efforts pour saisir de tels moments sans douleur ni
culpabilité. J’ai choisi : soit ma peine occupait toutes mes pensées et mes actions, soit je vivais pour les
vivants et avec les vivants. Car je sais ce qui restera toujours en moi de chacun de mes enfants, Gaspard,
Azylis et Thaïs : l’amour. Je me sens aimée d’eux comme quand ils étaient vivants. Oui, le verbe aimer,
pour moi, se conjuguera toute la vie au présent. »


Ce témoignage en dit long sur l’espérance.

L’éclat d’espérance de Gérard Naslin